Kyôgen

© M.N. Robert

Spectacle

Du 20 au 22 mars 2004 - Paris

Kyôgen Japon - avec la Famille Shigeyama de l'École Okura de Kyoto
  • Sam 20 mars 2004 à 20:30 - Paris - Maison des Cultures du Monde
  • Dim 21 mars 2004 à 15:00 - Paris - Maison des Cultures du Monde
  • Dim 21 mars 2004 à 18:00 - Paris - Maison des Cultures du Monde

et kyôgen constituent un couple improbable, sinon infernal : ils ont beau n'avoir pratiquement rien en commun, ils sont abolument inséparables. C'est qu'il faut bien que l'acteur de change de costume, de masque et de coiffure entre la première et la seconde partie de la pièce. Aussitôt l'humble acteur de kyôgen, qui appartient à une corporation distincte et longtemps jugée inférieure, lui sert de bouche-trou, profitant de la tirade qui lui est alors impartie pour paraphraser dans la langue des gens du commun les récits hautement littéraires que les acteurs et le choeur tragiques ont préalablement psalmodiés.

Et que serait sans les farces de kyôgen la journée traditionnelle de , sinon une interminable déploration ? Le personnage de kyôgen est bon vivant, roublard, buveur invétéré et prêt à tout pour étancher sa soif, il renvoie le spectateur à sa dérisoire et touchante humanité quand le le transporte hors de lui-même. Les saynètes de kyôgen, intercalées entre chacun des cinq nôs traditionnels, assurent le mélange des genres et rompent la monotonie, fût-elle majestueuse. Ce sont des farces au sens littéral du terme, puisqu'elles farcissent la journée de spectacle. Elles sont confiées depuis la nuit des temps, ou du moins depuis l'époque Muromachi (XIVe et XVe siècles), ce qui revient a peu près au même, à un petit nombre de familles qui en ont transmis la tradition : imaginons un instant La Farce de Maître Pathelin jouée par les successeurs en ligne directe de ses créateurs !

Les Shigeyama, qui nous délèguent pour l'occasion un grand-père blanchi sous le harnois, un fils dans la force de son métier d'acteur et un petit-fils appelé à assumer quelque jour le fardeau familial, sont de grands comédiens traditionnels qui savent aussi vivre dans leur siècle : ils jouent Beckett, mettent en scène des opéras de Mozart, et quand ils donnent notre Farce du Cuvier accommodée à la sauce kyôgen, il faut se pincer pour ne pas croire qu'elle soit native de Kyoto. Ils nous viennent avec deux petits bijoux du répertoire, aussi savoureux et immédiatement compréhensibles qu'un Arlequin de Goldoni quand il parle le vénitien dans la langue de Strehler. Ne les manquons pas !

Michel Wasserman

Programme

Bo-shibari (Attaché à un bâton)
C'est l'une des scènes les plus célèbres du répertoire de kyôgen. Un petit seigneur féodal est convaincu que ses valets Tarôkaja puisent dans ses réserves de saké dès qu'il a le dos tourné. Un jour, devant s'absenter quelque temps, il ligote les deux larrons. Ceux-ci parviendront-ils à se libérer et à boire l'alcool tant convoité ?

Futari daimyo (Les deux seigneurs)
Deux seigneurs sans escorte contraignent un valet qui passe à porter leurs sabres. L'homme se venge en les manaçant de leurs armes, et les contraint à ôter leurs vêtements de dessus et à exécuter des imitations ridicules, après quoi il s'enfuit avec leurs affaires.

Informations pratiques

Dans le cadre du 8ème Festival de l'Imaginaire
 

Distribution

Sennojo Shigeyama,
Akira Shigeyama,
Doji Shigeyama,
Shime Shigeyam

Autour du spectacle

//Paris, Maison des Cultures du Monde
Lundi 22 mars 2004
Dans le cadre de la Première rencontre « Notre Japon », Akira Shigeyama jouera Acte sans paroles de Beckett, dans le style kyôgen.