Dénommé siapo à Samoa, ngatu à Tonga, ou encore kapa à Hawaii, le tapa est une étoffe d’écorce battue dont la pratique millénaire constitue une expression culturelle forte en Océanie. Originaire d’Asie du Sud-Est, ce savoir-faire parvenu progressivement dans les archipels du Pacifique permettait de produire le matériau de base pour des objets utilisés lors de rituels et de cérémonies coutumières. Jusqu’à l’introduction des tissus en coton au XIXe siècle, le tapa était également utilisé dans la fabrication des vêtements et des objets du quotidien. Parures, linceuls, masques ou encore statuettes, les multiples usages de ce textile si particulier montre combien il est porteur d’une dimension à la fois sacrée, artistique et populaire.
C’est à l’aide d’un battoir et d’une enclume que les femmes, le plus souvent, battent les écorces en rythme ; chacune est formée par ses aînées, et formera à son tour les jeunes filles. Les pièces ainsi obtenues, parfois hautes de plusieurs mètres, sont ensuite laissées vierges ou peintes avec des colorants végétaux. Devenu un support d’expression pour des artistes et des créateurs, le tapa, dont la pratique avait presque totalement disparu au début du XXe siècle, voit ses usages aujourd’hui perpétués et renouvelés.
L’exposition « Tapa d’Océanie », en collaboration avec l’association Tapa et le musée de La Neylière, réunit des pièces contemporaines et anciennes, ainsi que les objets essentiels à leur création. Battoirs, enclumes, écorces non travaillées, tapa vierges ou décorés, contemporains ou historiques, gravures d’époque ou encore récits fondateurs : la diversité des éléments présentés nous plonge au cœur d’une pratique peu connue et pourtant fondatrice des archipels du Pacifique.
Autour de l'exposition
Dimanche 13 janvier à 15h : Projection d'un documentaire sur Sarah Vaki, ambassadrice du tapa (Îles Marquises)
En présence de la réalisatrice et journaliste de France Inter, Anne Pastor, initiatrice d'un projet valorisant les femmes autochtones (voir son site)
Dimanche 27 janvier à 16h : Conférence par Hélène Guiot, ethno-archéologueSpécialiste des Îles Marquises, Hélène Guiot est aussi l'auteure des textes accompagnant l'exposition et la réalisatrice du documentaire « Paroles de tapa » projeté dans nos salles.
Samedi 9 février à 14h et 16h : Atelier créatif puis démonstration par Marion Dumaine
À 14h, l'association Marjolaine propose un atelier d'initiation aux techniques d'écriture et de dessin à partir d'encres naturelles. Ouvert à tous, 4€, réservation conseillée au 02 99 75 82 90.
À 16h, l'artiste Marion Dumaine expliquera sa démarche de création artistique à partir des étoffes de tapa traditionnelles polynésiennes, et fera profiter les visiteurs d'une démonstration de sa pratique. Une manière de découvrir une nouvelle facette de cet art ancestral et son appropriation par la scène artistique contemporaine.